Préface pour « ARCHITECTURES CONTEMPORAINES EN PROVENCE »  Editions Aubanel/avril 2007
Dans la bataille engagée contre la barbarie néoprovençale, le photographe devient résistant. La Provence est sous le contrôle des miliciens imitateurs d’accent, forme première du racisme architectural. Le photographe est alors clandestin du beau.
La situation est presque désespérée. La bêtise hargneuse des talibans du néorégionalisme a fait des dégâts irréparables. En attendant le jour ou une escadrille de migs bombardera à coup de figues les lotissements de la Provence martyrisée, en attendant ce jour où après le passage de blindés pilant les tuiles sous leurs chenilles, l’on achèvera au marteau-piqueur les fleurs et les charrettes des ronds points, les centres commerciaux et autres murs crépis, en attendant ce jour glorieux, il faut faire avec le regard du photographe pour continuer à espérer, à résister.
Alain Sauvan n’est pas photographe. Alain Sauvan est peintre.
Un pictorialiste, un vrai, un dur, un authentique tatoué romantique.
Les photographies d’Alain Sauvan témoignent de sa croyance en l’architecture. Des photographies sensibles et sentimentales qui dévoilent le regard gourmand du photographe sur ses reportages. Ses photographies ont en commun avec la peinture qu’elles abordent la frontalité avec un courage et une énergie positive aux antipodes du cynisme.
Loin de l’éloge du banal et de l’ordinaire, Alain Sauvan photographie le réel avec une condition politique qui lui est caractéristique, celle de sa générosité.
Il rappelle ainsi que l’esthétique est l’ombre portée du politique, et son travail obsessionnellement attaché à la quête du beau renvoie au désir de narration.
Un photographe du coté des poètes, où la poésie est en chair et en os.
                                                Rudy Ricciotti Grand Prix National d’Architecture 2006